vendredi 28 novembre 2014

Les gingivites


Auteurs : V. JAN, C Rivollier, B Huttenberger, L Vaillant
Services : Dermatologie et Chirurgie maxillo-faciale
Hôpital : Trousseau, CHU Tours
Référence : Rev. Med. Tours, 1998, 32, 4, 135.
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Les gingivites, lésions inflammatoires localisées à la gencive, peuvent être distinguées en fonction de leur mode évolutif (aigu ou chronique), de l'atteinte isolée à la gencive ou diffuse à l'ensemble de la cavité buccale, et du type de lésion(s) élementaire(s).

Les gingivites aiguës isolées, non spécifiques, vont de la gingivite tartrique, simple (traitée par détartrage et hygiène dentaire), ou associée à une parodontite, à la gingivite ulcéro-nécrotique qui doit faire rechercher une immunodépression associée, et dont le traitement repose sur les antibiotiques (association pénicilline-métronidazole). Les gingivites aiguës, associées à d'autres atteintes de la cavité buccale, sont souvent d'origine virale. La lésion élémentaire, fugace, est une vésicule, rapidement remplacée par une érosion. Les virus le plus souvent en cause sont les virus du groupe herpès (primo-infection ou récurrence herpétique, plus rarement zona et varicelle), et les virus coxsackies, responsables du syndrome mains-pieds-bouche et de l'herpangine. Le traitement de la primo-infection herpétique repose sur l'aciclovir par voie intra-veineuse en cas d'atteinte sévère ou d'immunodépression. Le syndrome de Stevens-Johnson, le syndrome de Lyell et l'érythème polymorphe sont responsables de lésions aiguës intra-buccales antérieures identiques, le plus souvent érosives ou ulcérées et recouvertes d'un enduit pseudo-membraneux. Elles doivent faire rechercher une cause médicamenteuse (Stevens-Johnson et Lyell), ou une infection herpétique (érythème polymorphe). Si la lésion élémentaire gingivale est une ulcération, il peut s'agir d'aphtes banals ou secondaires à une maladie générale (Behçet, maladie inflammatoire digestive) mais aussi d'états carentiels (vitamine B12, folates, ferritine, zinc), ou d'ulcérations d'origine médicamenteuse ou hématologique.

Les gingivites chroniques érythémateuses et érosives reconnaissent trois principales étiologies, qui nécessitent la réalisation d'une biopsie pour examen histologique standard et immunofluorescence directe : la pemphigoïde cicatricielle, le pemphigus et le lichen plan.

UNE LESION BLANCHE DE LA CAVITE BUCCALE : QU’EST – CE - QUE C’EST ?


Auteur(s) : Dr Brigitte HÜTTENBERGER

Service(s) : Chirurgie Maxillo-faciale et Stomatologie – Hôpital TROUSSEAU – CHRU TOURS et Consultations de Dermatologie buccale (Pr Vaillant loïc) 


Reconnaître une lésion blanche intra-buccale , c’est avant tout pouvoir dépister une leucokératose précancéreuse.

Le diagnostic étiologique peut être aidé par un arbre décisionnel :




  • C’est d’abord éliminer les lésions blanches non kératosiques ( augmentation d’épaisseur de l’épithélium buccal et lésions pseudomembraneuses se décollant à l’abaisse-langue)
  • C’est ensuite étiqueter avec certitude cette lésion blanche kératosique .
    L’examen histologique permet de confirmer un diagnostic spécifique et de rechercher une dysplasie.
Référence : 

Diagnostic d’une lésion blanche de la cavité buccale. L.Vaillant B.Hüttenberger
Ann Dermatol Venereol 2002 ; 129 :343-5
Mis en ligne le Jeudi 03 octobre 2002

LES CANDIDOSES BUCCALES QUI N'EN SONT PAS


Auteur(s) : L.VAILLANT, N. Gironet, B. Hüttenberger
Service : Dermatologie et Consultation de Dermatologie Buccale
Hôpital : Trousseau, CHU Tours

Les candidoses buccales sont une pathologie fréquente aux deux extrémités de la vie ou chez les immunodéprimés. Pourtant il arrive fréquemment de voir des malades qui ont des " candidoses buccales " qui ne guérissent pas malgré un traitement adapté et bien observé. Ces cas ne correspondent pas à une résistance du candidat aux antifongiques utilisés mais le plus souvent à une erreur de diagnostic.

Plusieurs maladies de la langue sont souvent, à tort, étiquetées candidoses buccales. La langue géographique ou glossite exfoliée migratrice est caractérisée par des plaques rouges dépapillées entourées d'une bordure blanche. La langue villeuse noire est une élongation des papilles filiformes associée à une diminution de la desquamation normale du dos de la langue ; cette langue villeuse peut avoir une couleur qui varie du blanc au noir. La coloration noire est due à l'oxydation de la kératine par des chromogènes bactériens. Une langue lisse ou érythémateuse par xérostomie peut mimer une candidose érythémateuse, tout comme les glossites carentielles. Les perlèches, ou intertrigo du pli commissural des lèvres, sont souvent candidosiques, mais elles peuvent être également d'origine bactérienne allant de la fréquente staphylococcie jusqu'à l'exceptionnelle syphilis. Devant une lésion blanche de diagnostic difficile, ou en l'absence de lésion, le diagnostic de candidose ne doit pas être porté sans tableau clinique évocateur. Une glossodynie (surtout d'origine psychogène !) n'est jamais due à une candidose cliniquement cachée !

La pratique d'un prélèvement mycologique devant une lésion cliniquement non étiquetée doit être abandonnée. En effet, la flore buccale de 30 % des personnes normales contient des Candida albicans. En l'absence de contexte clinique évocateur, un prélèvement irraisonné à la recherche de Candida albicans fera faire, à tort, le diagnostic d'une candidose buccale qui n'en est pas.

Référence

L. Vaillant, D. Goga. Dermatologie buccale. Doin Editeur, 1997, 295 p.
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