Auteurs : V. JAN, C Rivollier, B Huttenberger, L Vaillant
Services : Dermatologie et Chirurgie maxillo-faciale
Hôpital : Trousseau, CHU Tours
Référence : Rev. Med. Tours, 1998, 32, 4, 135.
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Les gingivites, lésions inflammatoires localisées à la gencive, peuvent être distinguées en fonction de leur mode évolutif (aigu ou chronique), de l'atteinte isolée à la gencive ou diffuse à l'ensemble de la cavité buccale, et du type de lésion(s) élementaire(s).
Les gingivites aiguës isolées, non spécifiques, vont de la gingivite tartrique, simple (traitée par détartrage et hygiène dentaire), ou associée à une parodontite, à la gingivite ulcéro-nécrotique qui doit faire rechercher une immunodépression associée, et dont le traitement repose sur les antibiotiques (association pénicilline-métronidazole). Les gingivites aiguës, associées à d'autres atteintes de la cavité buccale, sont souvent d'origine virale. La lésion élémentaire, fugace, est une vésicule, rapidement remplacée par une érosion. Les virus le plus souvent en cause sont les virus du groupe herpès (primo-infection ou récurrence herpétique, plus rarement zona et varicelle), et les virus coxsackies, responsables du syndrome mains-pieds-bouche et de l'herpangine. Le traitement de la primo-infection herpétique repose sur l'aciclovir par voie intra-veineuse en cas d'atteinte sévère ou d'immunodépression. Le syndrome de Stevens-Johnson, le syndrome de Lyell et l'érythème polymorphe sont responsables de lésions aiguës intra-buccales antérieures identiques, le plus souvent érosives ou ulcérées et recouvertes d'un enduit pseudo-membraneux. Elles doivent faire rechercher une cause médicamenteuse (Stevens-Johnson et Lyell), ou une infection herpétique (érythème polymorphe). Si la lésion élémentaire gingivale est une ulcération, il peut s'agir d'aphtes banals ou secondaires à une maladie générale (Behçet, maladie inflammatoire digestive) mais aussi d'états carentiels (vitamine B12, folates, ferritine, zinc), ou d'ulcérations d'origine médicamenteuse ou hématologique.
Les gingivites chroniques érythémateuses et érosives reconnaissent trois principales étiologies, qui nécessitent la réalisation d'une biopsie pour examen histologique standard et immunofluorescence directe : la pemphigoïde cicatricielle, le pemphigus et le lichen plan.