jeudi 16 février 2012

Une dent peut sauver la vue !






Un chirurgien ophtalmologiste met au point une technique d’implant révolutionnaire, basée sur le constat que l’oeil ne rejette pas les greffes de matière dentaire.

La technique, dite « d’ostéo-odonto-kératoprothèse » est une alternative à la greffe de cornée quand cette dernière n’est pas possible. « On se sert beaucoup plus fréquemment d’une dent du patient, généralement une canine, que de celle d’un donneur apparenté compatible avec le receveur », déclare le Dr Emmanuel Lacombe, l’un des huit spécialistes au monde de cette opération. Schématiquement, « tout matériau synthétique directement implanté dans l’oeil se voit expulser par la couche de surface, c’est-à-dire l’épithélium, et c’est encore plus vrai au niveau de la cornée », explique M. Duchesne.


« Or, l’inventeur a observé que dans l’organisme, deux matériaux rigides pouvaient être en contact sans problème avec de l’épithélium, les ongles et les dents », poursuit-il. « Il a observé par ailleurs que la muqueuse buccale tolère la dent, si le ligament alvéolo-dentaire est en bon état. Sinon, la muqueuse cherche à l’expulser, provoquant le déchaussement de la dent. »


L’OSTÉO-ODONTO-KÉRATOPROTHÈSE : 

Concrètement, on prélève le bloc ostéo-dentaire où se trouve la racine de la dent avec ce fameux ligament, puis l’émail est enlevé. On meule ce bloc pour obtenir un parallélépipède rectangle de 7 à 8 mm de large, de 14 à 16 mm de long et 2,5 à 3 mm d’épaisseur. On le perce pour y introduire une simple optique en plastique transparent, et ainsi le boucher.



L’ensemble est alors placé sous la peau du patient pendant trois mois minimum, pour qu’il soit colonisé par des cellules et entouré de tissus fibreux afin de permettre de faire les points de suture. « Parallèlement, on prépare l’oeil en lui enlevant la fine couche qui le recouvre (kératotomie) et la remplaçant par de la muqueuse buccale afin que la dent retrouve le milieu auquel elle est habituée », poursuit l’ophtalmologue.


UN IRIS REDESSINÉ :

L’aspect n’est « pas très joli (pupille sans iris, couleur rosâtre) », mais esthétiquement une grande lentille de contact avec un iris dessiné dessus peut être « acceptable ». Des lunettes permettent d’adapter ensuite la vue, poursuit le spécialiste. « La récupération visuelle est suffisante pour conduire une voiture », ajoute-t-il, évoquant un chauffeur de taxi à Rome, opéré de cette manière. « Cette technique, très lourde (en durée et personnels), n’a jamais été très en vogue », admet-il, mais elle reste « utile ». Pour sa part, le patient irlandais opéré à Brighton se réjouit de voir « suffisamment » pour se déplacer et regarder la télévision.



Source : AFP

Pour plus d'information : http://archopht.ama-assn.org/cgi/content/full/123/10/1319



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