La téléradiographie, comme moyen de diagnostic en orthopédie dentofaciale, fit sa première apparition dès 1922 avec les travaux de J Carrea (Buenos-Aires).
Sa méthode, « la radio-faciès à profil déliné en orthodontométrie », présentait deux avantages :
– une réduction notable des déformations liées à l’agrandissement (par l’utilisation d’une grande distance foyer-objet et d’une courte distance objet-film) ;
– la visualisation du profil cutané par l’ajustage sur les courbures des téguments d’un fil de plomb. Utilisant ces premiers films, Broadbent recherche ensuite une méthode, cliniquement utilisable, permettant d’analyser les modifications dentoalvéolo-squelettiques consécutives aux traitements.
Pour cela, il était nécessaire d’obtenir une standardisation des clichés permettant une superposition des films pris à des temps différents, pour un même patient.
Après avoir inventé le premier céphalostat en 1926, il publie cette nouvelle technique en 1931 dans la revue the Angle Othodontist.
En 1929, Simpson recommande l’emploi d’un générateur capable de produire 40 mAs et 70 kV, une distance foyer-objet de 4,50 m, un temps de pose de 5 secondes et l’utilisation simultanée de deux films : l’un développé normalement, l’autre sous-développé mettant en évidence les tissus mous.
En 1932 et 1934, Louis De Coster présente une méthode d’analyse céphalométrique connue sous le nom de « méthode des réseaux de De Coster » et propose de souligner le profil cutané à l’aide d’une pommade radioopaque à base de bismuth ou de baryum.
En 1955, Reboul et Brun préconisent l’utilisation d’un filtre en aluminium rectangulaire pour objectiver directement les tissus cutanés sur les clichés téléradiographiques.
Depuis les travaux de De Coster, la téléradiographie a pris un essor important.
Pourtant ses principes ont peu évolué et les innovations ont surtout porté sur le récepteur (film argentique, écrans renforçateurs, capteurs numériques...) et donc sur la qualité de l’image.
Principes :
La téléradiographie est une technique radiologique utilisant une grande distance foyer-objet, une courte distance objet-film et un céphalostat permettant d’immobiliser la tête du patient dans une position standardisée.
Le rapport entre les distances permet de réduire l’agrandissement et de diminuer le flou de foyer.
Des mesures linéaires et angulaires sont directement réalisables sur le cliché.
L’utilisation du céphalostat permet d’obtenir des clichés reproductibles et est à l’origine des superpositions céphalométriques qui permettent d’effectuer des comparaisons entre deux stades de croissance et/ou de traitement.
Ces superpositions confèrent à la céphalométrie un caractère dynamique : les facteurs espace et temps sont intégrés dans l’analyse des structures squelettiques, dentaires et cutanées.
Elles sont à la base de très nombreux travaux et de découvertes importantes en orthodontie.
Installation :
Il existe de nombreux appareils, de taille et de type variables, mais tous sont constitués par :
– un système électronique de production des rayons X : le générateur et le tube à rayons X ;
– un système d’immobilisation de la tête du patient : le céphalostat ;
– un système de détection et d’amélioration de l’image radiante : le film (ou le capteur numérique) et ses accessoires (filtre, grille, cassette).
A - Production des rayons X :
En imagerie médicale, les rayons X sont produits électroniquement par un système convertissant l’énergie électrique en énergie X.
1- Générateur :
Le générateur permet de transformer le courant alternatif de basse tension du secteur (220 V, 50 Hz) en un courant contrôlé, redressé et de haute tension (75-100 kV), adapté à la production des rayons X.
Il fournit aussi d’autres formes de courant pour les autres composants du système.
2- Tube radiogène :
Le tube radiogène, ou tube à rayons X, convertit le courant électrique fourni par le générateur en rayonnement X.
Un filament de tungstène, jouant le rôle de cathode, est chauffé jusqu’à l’incandescence.
L’élévation de température crée autour de ce filament un nuage d’électrons directement proportionnel à son augmentation et donc à l’intensité du courant traversant la cathode (mA).
Le nuage d’électrons, sous l’application d’une différence de potentiel (kV), s’éloigne de la cathode pour frapper une anode de tungstène.
Atteignant l’anode, les électrons interagissent avec les atomes de la cible pour fournir des rayons X par rayonnement de freinage et effet photoélectrique.
Plus la différence de potentiel est élevée, plus la vitesse des électrons augmente, plus l’énergie des rayons X est importante.
L’impact des électrons sur l’anode produit des rayons X (1 %), mais surtout de la chaleur (99 %).
Pour dissiper cette chaleur, le tube de verre scellé qui contient la cathode et l’anode baigne dans une gaine contenant de l’huile.
Les tubes utilisés en téléradiographie possèdent une anode tournante.
Leur résistance à la chaleur augmente proportionnellement à leur surface de dissipation (foyer thermique) et leur surface de production des rayons (foyer optique) reste de petite dimension, ce qui préserve la netteté de l’image.
Pendant l’exposition, l’anode effectue un mouvement de rotation de 3 000 à 10 000 tours par minute.
Le faisceau produit par le tube à rayons X n’est pas homogène.
Il varie légèrement en raison de l’angle formé par le faisceau avec l’anode.
De cette variation, appelée « effet talon », il résulte que l’intensité du flux augmente légèrement du côté de la cathode. Une utilisation judicieuse de cet effet peut aider à souligner les tissus mous.
3- Conditions d’exposition :
Directement annexé au générateur, donc indirectement au tube, un panneau de contrôle permet à l’opérateur de choisir les conditions d’exposition : la durée de l’exposition (secondes), l’intensité traversant la cathode (mA) et la tension existant entre la cathode et l’anode (kV).
La plupart des appareils lient le temps d’exposition avec les mA, formant ainsi des mAs.
Plus le kilovoltage augmente, plus la vitesse des électrons augmente, plus les rayons X sont énergétiques et plus le contraste diminue.
Plus les mAs augmentent, plus le filament de tungstène est chauffé, plus le nombre d’électrons libres augmente, plus la quantité de rayons X augmente et plus le film est « noir ».
Le choix des conditions d’exposition dépend du sujet radiographié (âge, sexe, densité), du récepteur utilisé et du temps de pose souhaité qui doit minimiser le flou cinétique dû aux mouvements même involontaires du sujet.
Les installations de taille plus importante présentent un choix de mAs large (donc un temps d’exposition court) et un choix de kV étendu (meilleur contraste).
B - Céphalostat :
Le céphalostat est un dispositif, généralement mural, composé de deux olives en plastique qui sont introduites dans les méats acoustiques externes des sujets et d’un appui frontal, nasal ou mentonnier.
Il pivote sur 360° pour permettre la réalisation des incidences de face, de profil, axiale et oblique.
Il peut être couplé à un système optique émettant des rayons lumineux et aidant à positionner le patient.
Le céphalostat, dans lequel le patient est légèrement suspendu autour des olives auriculaires, assure trois fonctions majeures :
– la contention de la tête, afin de minimiser le flou cinétique lié aux mouvements cardiorespiratoires du sujet ;
– l’orientation de la tête, le plus souvent réalisée par rapport au plan de Francfort ;
– la constance du rapport entre la distance foyer-objet et objet-film (15 cm) ; ce rapport influe directement sur l’agrandissement : pour une distance foyer-objet de 1,5 m, de 4 m et de 5 m, il est respectivement égal à 11 %, 3,8 % et 3 %.
C - Accessoires :
1- Grille anti-diffusante :
Lors de la réalisation d’une radiographie, certains photons X sont déviés, formant ainsi le rayonnement secondaire, par opposition au rayonnement primaire formé par les photons qui, après avoir traversé l’objet, restent perpendiculaires au film.
Ce rayonnement diffusé ne contribue pas à la formation de l’image, mais au contraire crée un flou et diminue le contraste.
Pour le diminuer, le faisceau de rayons X est diaphragmé afin de supprimer l’effet de diffusion issu des zones ne présentant pas d’intérêt diagnostique, et une grille anti-diffusante est utilisée.
La grille anti-diffusante a pour fonction d’intercepter les photons X obliques.
Elle est composée par une alternance de lamelles de plomb absorbantes et de lamelles d’espacement de plastique, d’aluminium ou de papier.
Plus le rapport entre la hauteur des lamelles sur la largeur des espacements est élevé, plus l’efficacité de la grille augmente.
Afin d’optimiser le rôle de la grille, celle-ci peut être focalisée : les lamelles convergent alors vers la source.
Si ce dispositif diminue le flou lié au rayonnement diffusé, il crée sur le film une succession de lignes très fines.
Pour les supprimer, la grille est reliée à un dispositif mécanique (ou potter-Bucky) qui l’anime d’un mouvement alternatif de va-et-vient lors de la réalisation du cliché.
Ces grilles absorbent une grande partie du rayonnement diffusé, mais éliminent également une partie du rayonnement utile, fournissant un cliché sous-exposé.
L’utilisation d’une grille nécessite d’augmenter le temps de pose.
2- Filtres :
Utilisés pour ramener artificiellement le faible contraste des tissus mous dans la gamme des densités moyennes, les filtres en aluminium permettent de visualiser sur le même cliché le profil cutané du patient et ses structures osseuses.
Deux types de filtres sont utilisés :
– un filtre à la sortie du tube dont les contours se superposent à ceux de la face ;
– un filtre biseauté, en forme de dièdre ou de diabolo, interposé entre le film et le sujet.
D - Système de détection :
Une fois le sujet traversé, le faisceau de rayons X est un faisceau modulé transportant l’image virtuelle du corps analysé, appelée image radiante.
Cette image doit être recueillie pour être interprétée par l’oeil humain.
Traditionnellement réalisé sur des films argentiques, l’enregistrement de l’image s’effectue de plus en plus souvent au moyen de capteurs numériques.
1- Film radiographique :
Le film radiographique (de format 24 x 30 cm) est composé d’un support souple recouvert d’une mince couche d’adhésif fixant, sur ses deux faces, une émulsion de gélatine contenant des microcristaux d’halogénure d’argent.
Cette émulsion, sensible aux photons X et aux photons lumineux, est recouverte par une surcouche protectrice.
Ces dernières années, les fabricants ont développé des cristaux tabulaires (placés parallèlement au support) qui augmentent la sensibilité des films.
Un photon atteignant le film est absorbé par un cristal de l’émulsion qui subit alors une réduction.
Lors du développement du film, les cristaux modifiés sont précipités et apparaissent « noirs », tandis que les cristaux non exposés sont éliminés et leur emplacement apparaît « blanc ».
Ce traitement est réalisé par des machines automatiques qui permettent un meilleur « contrôle-qualité » et minimisent le temps de traitement des films :
– la température des bains est constante et élevée ;
– les bains sont continuellement renouvelés ;
– la gélatine du film est comprimée lors de l’essorage ;
– le rinçage est réalisé à l’eau courante.
Les radiographies sur film argentique sont réalisées à l’aide d’écrans renforçateurs qui diminuent l’irradiation.
2- Écrans renforçateurs :
Les écrans renforçateurs transforment le rayonnement X en lumière visible qui impressionne le film.
Ils sont constitués d’une feuille de matériau composite portant des sels fluorescents de la famille des terres rares (oxysulfures de gadolinium, etc).
Ces sels absorbent les photons X et émettent un éclair lumineux formé de nombreux photons moins énergétiques.
Le film argentique est très sensible à la lumière du jour ; les écrans renforçateurs agissent donc comme un amplificateur d’image.
Ils sont conçus pour absorber un maximum de photons X et pour réaliser une émission lumineuse instantanée.
Les écrans renforçateurs sont disposés sur les faces internes de la cassette radiographique.
Cette dernière, formée d’un châssis rigide en aluminium étanche à la lumière, maintient un contact étroit entre le film et les écrans.
Si les écrans permettent de diminuer l’irradiation, ils augmentent le flou en transformant l’image d’un photon X ponctuel en un cône lumineux.
Ce phénomène augmente lorsque le contact film-écran est altéré (présence d’air, de poussières, déformation de la cassette ou de son système de fermeture).
Les écrans doivent être nettoyés régulièrement et protégés des rayures et des projections (quintes de toux, etc).
3- Xéroradiographie :
L’image radiante est parfois objectivée en utilisant la propriété des rayons X à faire varier la résistance des semi-conducteurs, principe découvert en 1938 par Carlson et largement utilisé en photocopie.
La xéroradiographie, fortement irradiante, utilise une plaque d’aluminium recouverte par une mince couche de sélénium.
Cette plaque est chauffée afin de supprimer tout électrostatisme, puis chargée de façon uniforme à l’aide d’un courant électrique de 800 V.
L’exposition de la plaque aux rayons X entraîne un changement de résistivité des atomes de sélénium.
La plaque est alors saupoudrée de particules électrostatiques bleues qui se fixent proportionnellement à l’intensité des charges.
Cette « poudre » est ensuite transférée sur du papier adhésif thermoplastique. Le chauffage permet la fixation définitive des particules.
Cette technique permet d’obtenir une image avec un contraste de détail supérieur à celui des films classiques, par « effet de bord ».
Écrans à mémoires Les films argentiques classiques sont remplacés dans la plupart des services d’imagerie médicale par des écrans photostimulables dits « à mémoire ».
Ces détecteurs sont composés de sels fluorescents dont les électrons piègent l’énergie des rayons X et la conservent pendant quelques minutes.
L’image latente est secondairement restituée par photostimulation.
Cette étape consiste à balayer la plaque à l’aide d’un faisceau laser émettant une lumière rouge ou infrarouge, de manière analogue au balayage réalisé par le faisceau d’électrons d’un tube cathodique.
Stimulés par le faisceau laser, les sels restituent l’énergie piégée par les électrons sous forme d’une énergie lumineuse.
Cette lumière est isolée de celle émise par le faisceau laser, puis dirigée sur un photomultiplicateur.
Celui-ci convertit l’intensité lumineuse émise par les sels (proportionnelle à l’intensité des rayonsXreçus) en signaux électriques.
Ces signaux électriques sont numérisés, puis réordonnés par un ordinateur qui les transforme en nuances de gris, les affiche sur un écran ou les imprime sur un reprographe à laser.
La plaque, réutilisable plusieurs milliers de fois, est réinitialisée par exposition brève à une forte lumière blanche.
Si la résolution spatiale des écrans à mémoire est inférieure à celle des films sans écrans renforçateurs, leur contraste est largement supérieur.
Ces écrans ne permettent pas de réduire de façon notable la dose d’irradiation (10 % au plus), mais sont utilisables dans des conditions d’exposition difficiles.
Leurs grandes latitudes d’exposition permettent de diminuer largement les risques de sous- ou de surexposition, évitant de refaire plusieurs fois le même examen.
4- Capteurs CCD :
La difficulté à réaliser un capteur CCD (Charge Coupled Device : dispositif à transfert de charges) de grande taille fiable a initialement limité son indication à la radiographie intrabuccale. Désormais la commercialisation de ce type de capteurs, sous forme de barrettes, permet l’utilisation de ces récepteurs numériques en téléradiographie.
À la fin des années 1970, une nouvelle génération de capteurs, les capteurs CCD ou à « transfert de charge », fut développée pour la numérisation des images visibles par les « caméras vidéo ».
Rapidement, plusieurs auteurs ont proposé d’utiliser ces capteurs pour la détection des images radiologiques.
Les capteurs CCD sont constitués d’une pastille de silicium divisée en cellules élémentaires (pixels ou picture elements) distribuées régulièrement, selon une matrice, sur toute la surface cible.
Sous l’action d’un rayonnement électromagnétique, les liaisons covalentes contenues dans le silicium sont rompues et libèrent des électrons.
La quantité d’électrons libérés est proportionnelle au nombre de photons incidents.
Chaque pixel se comporte alors comme une petite capacité capable d’emmagasiner les électrons : ceci est rendu possible par l’application d’une différence de potentiel qui crée un « puits de potentiel » fixant les électrons libres.
Sous l’action d’une horloge, la charge de chaque pixel est ensuite transférée de façon séquentielle et convertie en un signal électrique proportionnel au nombre d’électrons.
Le signal obtenu est secondairement amplifié et transmis à un ordinateur qui, comme pour le système utilisant les écrans à mémoire, est capable de restituer l’image, mais aussi de la stocker.
Les capteurs CCD, qui présentent une résolution spatiale légèrement inférieure à celle des films argentiques sans écrans renforçateurs, permettent d’obtenir une image en temps réel et de réduire l’irradiation reçue par le patient de façon notable (40 %).
5- Traitement informatique :
En radiologie moderne, les informations ne sont plus stockées et figées sur un film, mais transférées dans une unité informatique sous forme de signal numérique.
Les informations peuvent alors subir différents traitements :
– fenêtrage : correction ou inversion du contraste, correction de la densité ;
– filtrage : rehaussement des contours, adjonction de couleurs, correction des flous ;
– agrandissement ;
– mesures ;
– soustraction d’une image réalisée dans des conditions analogues ;
– comparaison de la valeur des densités.
L’image, visualisable sur un écran informatique, peut être stockée sur un disque magnétique, un disque optique ou un CD-Rom.
Il est possible de la transmettre à distance sous forme codée par le réseau téléphonique (réseau Numéris). Elle est imprimable sur papier ou à l’aide d’un reprographe à laser.
6- Reprographe à laser :
La totalité des praticiens n’étant pas équipée de systèmes informatiques permettant de stocker et d’afficher les images électroniques, le transfert de celles-ci sur un document de référence de haute qualité reste nécessaire.
Ces documents sont actuellement obtenus à l’aide du reprographe à laser.
Les données numériques d’une image sont transférées par l’ordinateur, via une interface, au reprographe.
Celui-ci sensibilise l’halogénure d’argent grâce à la lumière émise par son laser.Un dispositif optique permet le balayage ligne par ligne.
Le film est ensuite transféré automatiquement à une machine de traitement.
Ce dispositif permet de produire en grande quantité et avec rapidité des images de qualité constante.
Dans les services de radiologie, les ordinateurs et les reprographes sont connectés en réseau, ce qui permet de suppléer rapidement à la défaillance d’un des éléments de la chaîne informatique.
Le personnel soignant ne manipule plus les films et reste à la disposition du patient.
7- Obligations légales :
Tout cliché doit être identifié (nom et prénom du patient), daté (jour de l’examen), orienté par une lettre radio-opaque.
Ces éléments doivent être directement « incrustés » dans le film.
De plus, chaque cliché doit impérativement être accompagné d’un compte rendu.
Géométrie de la formation de l’image :
La radiographie médicale a pour objectif de fournir une image fidèle des structures anatomiques. Cette fidélité dépend de plusieurs facteurs.
A - Agrandissement et flou géométrique :
L’image radiologique n’est que l’ombre d’une structure anatomique éclairée par un tube radiogène.
L’utilisation de la téléradiographie (longue distance foyer-objet, courte distance objet-film) permet de minimiser le flou géométrique et l’agrandissement.
1- Agrandissement :
Il correspond à une augmentation de la taille de l’image, la forme de l’objet n’étant que très légèrement affectée.
Il dépend directement du rapport entre la distance objet-film sur la distance objet-foyer.
Il est d’autant plus aisé de réaliser des mesures directes sur un cliché que son agrandissement est réduit.
Cependant, même en téléradiographie, l’agrandissement n’est pas uniforme : le côté gauche du patient, plus proche du film, est moins agrandi que le droit.
2- Flou géométrique :
Le tube radiogène présente un foyer optique de quelques millimètres carrés.
Les photons émis par chacune de ses extrémités sont susceptibles de donner deux images d’un même point.
Si l’image globale de l’objet reste identifiable, ses contours sont flous.
L’utilisation d’un foyer optique de taille réduite (tube à anode tournante) minimise ce phénomène.
B - Distorsion :
La distorsion correspond à une différence d’agrandissement entre les structures d’un même objet.
La distorsion se produit lorsque l’objet n’est pas parallèle au film.
Afin de localiser une lésion, de déterminer avec précision les dimensions réelles d’une structure, il sera donc impératif de réaliser une radiographie sous une autre incidence ou d’utiliser la TDM (scanner).
C - Flou cinétique :
Il est inhérent au manque d’immobilisation du patient.
Il peut être physiologique (respiration, rythme cardiaque) ou lié à l’équipement radiologique (oscillation de la grille antidiffusante).
Pour le minimiser, le patient doit être immobilisé (céphalostat) et le temps de pose réduit. Incidences :
A - Incidences de profil :
Ces incidences sont le plus fréquemment utilisées en orthopédie dentofaciale pour l’examen des rapports antéropostérieurs et verticaux des structures dento-alvéolo-maxillaires.
Le plan de Francfort (ou de Virchow) est idéalement horizontal (plan d’orientation).
Ces incidences sont fortement altérées par des mouvements parasites de roulis et de rotation. Les incidences de profil peuvent être effectuées :
– en occlusion ;
– en position de repos physiologique ;
– en bouche ouverte.
1- Incidence de profil en occlusion :
Le patient est placé en intercuspidation maximale ou en relation centrée.
L’utilisation d’une cire de morsure permet de contrôler un éventuel mouvement parasite de propulsion de la mandibule.
Les lèvres sont disposées naturellement afin d’évaluer l’existence d’une incompétence labiale.
En orthopédie dentofaciale, cette incidence permet d’analyser l’architecture dento-alvéolo-squelettique, son évolution lors de la croissance et les effets du traitement.
2- Incidence de profil en position de repos physiologique :
Ce type de cliché est difficile à réaliser, car la tête du patient est légèrement suspendue dans le céphalostat au niveau des olives auriculaires.
Cette situation, stressante pour l’enfant, n’est pas propice au relâchement nécessaire à l’équilibre entre le poids de la mandibule et le tonus des muscles élévateurs au repos.
Ce cliché permet d’analyser la hauteur des différents étages, notamment dans les cas d’édentement.
3- Incidence de profil en bouche ouverte :
La position est obtenue à l’aide d’une cale (suppression du flou cinétique mandibulaire).
Cette incidence augmente la lisibilité des structures osseuses formant l’articulation temporomandibulaire.
B - Incidence de face :
La face du patient est située en regard du film afin de minimiser son agrandissement.
Le sujet est en intercuspidation (maximale ou centrée) et le plan de Francfort est horizontal.
Cette incidence est fortement perturbée par les mouvements de tangage et de rotation de la tête.
Elle objective les dysmorphoses du sens transversal et permet le diagnostic différentiel entre une endoalvéolie et une endognathie.
C - Incidences axiales :
Deux incidences sont utilisées en orthopédie dentofaciale :
– l’incidence subaxiale de Berger, durant laquelle le rayon incident est perpendiculaire au plan de Francfort (l’arc mandibulaire se projette sur l’étage antérieur de la base du crâne) ;
– l’incidence hyperaxiale de Bouvet, durant laquelle le faisceau de rayons X est perpendiculaire au plan d’occlusion.
La tête du patient est hyperdéfléchie et immobilisée dans le céphalostat.
Le rayon incident est parallèle à l’axe médian de la tête. Ces incidences sont altérées par les mouvements de roulis et de tangage.
Ce cliché est contre-indiqué chez les personnes âgées, à la mobilité cervicale diminuée, et celles présentant une faible hauteur cervicale.
Les clichés axiaux permettent d’étudier les asymétries mandibulaires et de la base du crâne.
D - Incidences obliques :
Ces incidences sont peu utilisées.
Elles ont pour principale indication le calcul précoce d’une dysharmonie dentomaxillaire, avant l’éruption des prémolaires.
Elles peuvent être avantageusement remplacées par un cliché rétroalvéolaire utilisant la technique dite du « long cône ».
Suivant le secteur d’intérêt, la tourelle du céphalostat prendra différentes orientations qui serviront à positionner la zone à radiographier perpendiculairement au rayon incident et à proximité du film.
Afin d’optimiser la projection de la mandibule, la tête du patient est légèrement fléchie, le plan orbito-méatal horizontal.
Trois incidences sont décrites :
– à 38° (par rapport au plan sagittal médian) pour l’étude des secteurs canins ;
– à 45° pour l’étude des secteurs prémolaires ;
– à 52° pour l’étude des secteurs molaires.
E - Téléradiographie tridimensionnelle :
De nombreux auteurs ont recommandé l’utilisation de trois clichés téléradiographiques orthogonaux entre eux pour analyser avec précision dans les trois plans de l’espace les dysmorphoses.
Les clichés peuvent être recalés entre eux à l’aide de repères radio-opaques, collés sur la tête du sujet.
Cette technique, d’interprétation difficile, est avantageusement remplacée par l’utilisation de la TDM et des possibilités informatiques de reconstruction qui lui sont annexées.
F - Téléphotographies radiosuperposables :
Les photographies, au même titre que les clichés radiographiques, sont des éléments du dossier orthodontique. Elles sont réalisées selon des incidences analogues.
Dans le but d’étudier simultanément l’esthétique d’un patient et son architecture ostéodentaire, ces deux techniques peuvent être jumelées.
Lors de la radiographie, le patient est photographié à l’aide d’un appareil solidaire du tube radiogène.
Le boîtier est muni d’un téléobjectif réglé de façon à obtenir un agrandissement identique à celui de la radiographie.
Le cliché photographique est transféré sur un film radiographique et les deux films sont analysés en superposition.
Structures anatomiques :
Les téléradiographies de profil et de face sont les incidences les plus utilisées en orthopédie dentofaciale.
Avant de réaliser les tracés, il convient de réaliser une première lecture des clichés en accordant une attention particulière à :
– la qualité de la radiographie (contraste, noircissement, orientation) ;
– l’ensemble et l’harmonie des différentes structures ;
– la forme de la selle turcique (dont le fond dédoublé peut révéler un adénome hypophysaire) ;
– la charnière craniorachidienne (occipitalisation de l’atlas, etc)
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