samedi 8 octobre 2011

MÉDICATION CHEZ LA FEMME ENCEINTE : DES PRÉCAUTIONS INCONTOURNABLES


Doctinews N° 28 Décembre 2010

La prescription de médicaments chez la femme enceinte n’étant pas un acte anodin, afin de préserver la vie de la mère et assurer une bonne évolution fœtale, certaines familles thérapeutiques sont à proscrire durant la période de grossesse.

SI UN TRAITEMENT S’AVÈRE POTENTIELLEMENT DÉLÉTÈRE POUR LE FŒTUS, MAIS VITAL POUR LA MÈRE, IL DOIT ÊTRE PRESCRIT APRÈS DISCUSSION.


BENMOUSSA.A1, MAKRAM.S1, TADLAOUI.Y1 , BENNANA. A1, LAMSAOURI.J1, EL BAQQALI .B2, BENZIANE.H3, TAOUFIK.J3 .
1 : SERVICE DE PHARMACIE HOSPITALIÈRE, HÔPITAL MILITAIRE D’INSTRUCTION MOHAMMED V DE RABAT.
2 : DOCTEUR EN PHARMACIE
3 : LABORATOIRE DE CHIMIE THÉRAPEUTIQUE, FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE RABAT, UNIVERSITÉ MOHAMMED V SOUISSI


La thalidomide, sédatif bien toléré mis sur le marché à la fin des années cinquante, a causé de sévères malformations chez environ 10 000 enfants à travers le monde. C’est cette tragédie qui a permis au monde scientifique de se rendre compte d’une évidence jusque-là négligée, à savoir que le fœtus est indissociable de sa mère sur les plans physiologique et métabolique.

Le risque zéro n’existe pas

Le placenta n’est pas une barrière. Mis à part certaines molécules comme l’héparine et l’insuline, tout médicament administré à la mère traverse le placenta et peut avoir des répercussions immédiates ou lointaines sur l’embryon, le fœtus et le nouveau-né. Aussi, l’analyse du risque médicamenteux nécessite-t-il une bonne connaissance du calendrier de développement de l’embryon, des paramètres pharmacocinétiques de chaque produit et la prise en compte des modifications physiologiques consécutives à l’état de grossesse.

La grossesse constitue un état physiologique au cours duquel on peut distinguer deux grandes périodes de développement. La première, la période embryonnaire, correspond aux trois premiers mois de la grossesse (premier trimestre), durant lesquels l’ébauche des organes est mise en place. Durant la deuxième, la période fœtale, l’embryon se développe et les organes acquièrent une maturité fonctionnelle et histologique.

En fonction de la période de la grossesse, certains médicaments sont susceptibles de provoquer des effets sur le développement embryonnaire et fœtal. On distingue les effets tératogènes (malformatifs), liés aux expositions en début de grossesse (premier trimestre de la grossesse durant lequel le risque est maximal). Des effets foetotoxiques, également possibles, se traduisent par un retentissement fœtal ou néonatal de type atteinte de la croissance, de la maturation histologique ou fonctionnelle des organes en place (deuxième trimestre de la grossesse pendant lequel le risque est maximal). Enfin, les effets néonataux restent liés le plus souvent à des expositions survenues en fin de grossesse ou pendant l’accouchement. Pour ce qui est des organes les plus précocement sensibles aux effets tératogènes, on retient le système nerveux central, le cœur, les membres, les yeux, les oreilles et les organes génitaux externes.

En général, au cours de la grossesse, le recours aux médicaments doit être limité. Si un traitement s’avère nécessaire, c’est au prescripteur d’en évaluer le rapport bénéfice/risque. En aucun cas la femme enceinte ne doit prendre un médicament sans avoir préalablement pris conseil auprès de son médecin ou de son pharmacien.

Enfin, pour un bon déroulement de la grossesse (tant sur le plan médical qu’humain), il est préférable qu’un seul interlocuteur transmette les messages à la femme enceinte plutôt que de multiplier les sources d’information.

La prescription de médicaments chez la femme enceinte doit tenir compte des six recommandations suivantes:

1. Vérifier la validité de l’indication et ne pas hésiter à traiter si nécessaire. Une pathologie mal traitée peut être plus préjudiciable pour la mère et l’enfant;
2. Choisir un médicament ayant fait la preuve de son efficacité dans la pathologie à traiter et bannir les médicaments dont l’efficacité est douteuse;
3. Choisir, si possible, des médicaments contenant un seul principe actif;
4. Dans une classe médicamenteuse, préférer le médicament le mieux évalué pendant la grossesse;
5. Tenir compte du fait que les données concernant les risques médicamenteux chez la femme enceinte peuvent varier au cours du temps (à la faveur des résultats de nouvelles études épidémiologiques);
6. Ne pas hésiter à contacter le centre de pharmacovigilance, si le besoin se fait sentir.



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