vendredi 28 novembre 2014

LES CANDIDOSES BUCCALES QUI N'EN SONT PAS


Auteur(s) : L.VAILLANT, N. Gironet, B. Hüttenberger
Service : Dermatologie et Consultation de Dermatologie Buccale
Hôpital : Trousseau, CHU Tours

Les candidoses buccales sont une pathologie fréquente aux deux extrémités de la vie ou chez les immunodéprimés. Pourtant il arrive fréquemment de voir des malades qui ont des " candidoses buccales " qui ne guérissent pas malgré un traitement adapté et bien observé. Ces cas ne correspondent pas à une résistance du candidat aux antifongiques utilisés mais le plus souvent à une erreur de diagnostic.

Plusieurs maladies de la langue sont souvent, à tort, étiquetées candidoses buccales. La langue géographique ou glossite exfoliée migratrice est caractérisée par des plaques rouges dépapillées entourées d'une bordure blanche. La langue villeuse noire est une élongation des papilles filiformes associée à une diminution de la desquamation normale du dos de la langue ; cette langue villeuse peut avoir une couleur qui varie du blanc au noir. La coloration noire est due à l'oxydation de la kératine par des chromogènes bactériens. Une langue lisse ou érythémateuse par xérostomie peut mimer une candidose érythémateuse, tout comme les glossites carentielles. Les perlèches, ou intertrigo du pli commissural des lèvres, sont souvent candidosiques, mais elles peuvent être également d'origine bactérienne allant de la fréquente staphylococcie jusqu'à l'exceptionnelle syphilis. Devant une lésion blanche de diagnostic difficile, ou en l'absence de lésion, le diagnostic de candidose ne doit pas être porté sans tableau clinique évocateur. Une glossodynie (surtout d'origine psychogène !) n'est jamais due à une candidose cliniquement cachée !

La pratique d'un prélèvement mycologique devant une lésion cliniquement non étiquetée doit être abandonnée. En effet, la flore buccale de 30 % des personnes normales contient des Candida albicans. En l'absence de contexte clinique évocateur, un prélèvement irraisonné à la recherche de Candida albicans fera faire, à tort, le diagnostic d'une candidose buccale qui n'en est pas.

Référence

L. Vaillant, D. Goga. Dermatologie buccale. Doin Editeur, 1997, 295 p.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

merci

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