samedi 29 octobre 2011

Les mycoses buccales


L’étiologie principale des mycoses buccales est le Candida albicans, responsable des candidoses buccales (les autres mycoses buccales cryptococcose, aspergillose... sont rares dans nos régions). Ce champignon est un saprophyte de la cavité buccale dont l’agressivité peut être exacerbée au cours de certaines situations.

Etiologies :

Facteurs locaux :


– macérations ou irritations sous prothèse dentaire ;
– brûlures, radiothérapie ;
– hypo et asialie, acidose buccale.


Facteurs généraux :


– âge : prématuré, nouveau-né, vieillard ;


– dépression immunitaire congénitale ou acquise : 


• hémopathie maligne, 
• maladie de Hodgkin, 
• chimiothérapie anticancéreuse, 
• dénutrition, 
• sida (la candidose est constamment retrouvée lors des stades avancés de la maladie) ;

– tare métabolique :
en particulier le diabète. On retrouve parfois d’autres endocrinopathies ou certaines circonstances physiologiques : grossesse, menstruation, contraception hormonale ;

– facteurs médicamenteux ;
les candidoses buccales sont actuellement en nette augmentation du fait de nombreuses prescriptions iatrogènes :

• antibiothérapie à large spectre intempestive, 

• corticothérapie au long cours,
• agents immunosuppresseurs,
• antimitotiques (colchicine), 

• tranquillisants (par hyposialie),
• tabagisme, héroïnomanie.


Formes cliniques :

Candidoses aiguës :

• Le muguet buccal est classique chez le nourrisson et l’enfant, chez le sujet débile et la personne âgée. L’atteinte est annoncée par une sensation de cuisson ou de goût métallique, puis apparaît un érythème sur les joues et la langue (les gencives sont épargnées). Après 1 à 2 jours, des efflorescences blanchâtres apparaissent sur la muqueuse érythémateuse, elles se détachent facilement par raclage, laissant une surface rouge vif non saignante.
• Les formes érythémato-érosives sont moins typiques, mais elles sont actuellement plus fréquentes et succèdent à une antibiothérapie à large spectre, à une corticothérapie locale ou générale.
Les candidoses aiguës guérissent facilement sous traitement. Non traitées, elles risquent de devenir chroniques.

Candidoses chroniques :


• Le muguet chronique représente la forme la plus diffuse.

Il évolue par poussées ; entre celles-ci, on ne note qu’un érythème discret.

La candidose chronique localisée associe plusieurs lésions :

– la perlèche candidosique se manifeste par des fissurations érythémateuses macérées des angles de la bouche, favorisées par une perte de dimension verticale ;
– la candidose rétrocommissurale prolonge la perlèche sur la muqueuse rétrocommissurale. C’est une zone érythémateuse triangulaire semée de points blancs avec des bords kératosiques en périphérie ;
– la glossite médiane est située en avant du V lingual, de forme losangique ou ovalaire. La muqueuse est dépapillée et rouge, un peu surélevée avec infiltration superficielle ;
– l’ouranite médiane est située sur le palais dur en regard de la glossite médiane.

La candidose chronique végétante : 

présente un aspect papillomateux ; elle survient chez le fumeur. Il s’agit d’une lésion rétrocommissurale kératosique surélevée avec au centre des végétations globuleuses blanches. Etant donné leur potentiel carcinomateux, ces lésions doivent être suivies et surveillées.

Traitement :

Suppression du facteur favorisant :

– bains de bouche alcalinisants ;
– en cas d’hypo ou d’asialie sialologues (anétholtrithione) et arrêt des médicaments psychotropes
– désinfection des prothèses et arrêt du tabac ;
– facteurs généraux : équilibrer le diabète, arrêter l’antibiothérapie.


Traitement médical à visée buccale et générale :

Les anticandidosiques seront adaptés aux résultats du fungigramme (nystatine ; amphotéricine B) :

– solution : 1 cuillère à soupe 3 fois par jour, à garder en bouche 3 minutes puis à avaler (pour éliminer un éventuel foyer candidosique intestinal) ;
– pommades (sur les perlèches et les foyers cutanés) ;
– gel buccal (miconazole, contre-indiqué avec les antivitamines K car il potentialise leurs effets) ;
– formes injectables (flucytosine), réservées aux septicémies candidosiques.


Les candidoses buccales sévères de l’immunodéprimé (notamment les sujets VIH positifs) pourront être prévenues et traitées avec fluconazole ou kétoconazole (contreindiqués en cas de grossesse).

Conclusion :

Les stomatites candidosiques sont les plus fréquentes des mycoses buccales. Leur nombre est en augmentation du fait de prescriptions prolongées, principalement les antibiotiques à large spectre. Le diagnostic de candidose buccale repose sur l’examen clinique mais aussi mycologique. Le praticien doit garder à l’esprit la possibilité d’une pathologie systémique infectieuse ou maligne sous-jacente.
Le traitement local et général sera prolongé au moins 10 jours (formes aiguës) et jusqu’à guérison totale (formes chroniques) pour éviter les récidives.

Source :  Clinic 1998 - vol. 19 - no 6

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