mercredi 25 mai 2011

LA MUCITE BUCCALE




I. Définition: 


C’est une inflammation de la muqueuse, le plus souvent localisée au niveau de la bouche (stomatite) et du tube digestif mais pouvant être associée à des lésions plus diffuses (muqueuse génitale et conjonctive de l’oeil).
Cette inflammation est liée au traitement de chimiothérapie et de radiothérapie.
La mucite débute par un érythème avec des desquamations de certaines plages qui se transforment en véritables ulcérations provoquant une dégradation rapide de la qualité de vie.
La neutropénie n’est pas suffisante pour expliquer la survenue de la mucite, les mécanismes
physiopathologiques sont complexes.


II. Evaluation score OMS:


La méthode d’évaluation, la plus utilisée, est le score de l’OMS qui grade l’intensité de la mucite en 6 niveaux :


- 0 : absence.
- 1 : érythème.
- 2 : douleur n’empêchant pas l’alimentation

- 3 : douleur rendant l’ingestion des solides impossibles.
- 4 : douleur entraînant une impossibilité de manger et de boire.
- 5 : mort.



III. Retentissement:


- Les symptômes : douleur, dysphagie, dysphonie.
- Porte d’entrée pour les infections bactériennes et mycotiques, avec un risque vital associé à
certaines septicémies.
- Sur l’alimentation avec risque d’entraîner une dénutrition majeure, modifications du goût, de la
salivation et douleur intense.
- La perturbation de la salivation, à plus long terme, peut favoriser :
o Le développement des caries,
o Le déchaussement des dents,
o Les ostéonécroses après irradiation..



IV. Prophylaxie:

1. Traitements préventifs

1.a. Evaluations préalables des traitements :


o Evaluation de l’état bucco-dentaire pouvant être le point de départ infectieux,
o Evaluation de l’appareillage en place,
o Soins bucco-dentaires (extractions, détartrage, soins parodontaux),

1.b. Soins de bouche quotidiens (3 fois par jour) :


o Maintenir la bouche humide,
o Brosse chirurgicale très souple pour ne pas majorer les risques d’abrasion de la
muqueuse buccale (contre indiqué si thrombopénie < 20 000 plaquettes),
o Mouiller la brosse pour la rendre plus douce,
o Ne pas utiliser un dentifrice à base de menthol,
o Utilisation possible d’hydro propulseur (jet dentaire)
o Bain de bouche au bicarbonate de sodium 14‰.



2. Traitements curatifs:


Ils reposent sur :
- la poursuite des soins de bouche quotidiens habituels (en adaptant le matériel au contexte =
par exemple, bâtonnets à la place de la brosse à dents).
- L’apport d’eau (spray) ou de salive artificielle.
- L’apport de fluidifiant en cas de salive épaisse.
- Bains de bouche au cola, ananas frais, jus de pomme.
- Bains de bouche médicamenteux sur prescription médicale (4 à 6 fois par jour) :
o Antiseptique (Chlorohexidine®),
o Antibiotique (Vancocine®),
o Antifungique (Triflucan® - fungizone®),
o Antalgique (Xylocaïne® - aspirine® - morphine) Spécifique en cas d’irradiation buccale, de greffe de moelle ...


RESTER A JEUN 20 MINUTES APRES BAIN DE BOUCHE

o Le support alimentaire (faire appel à un diététicien) :

  •  Boissons et alimentation froides ou glacées non acides,
  • Eviter alcools et épices,
  • Alimentation parentérale pour assurer un apport calorique suffisant et éviter un déséquilibre nutritionnel.

- Le traitement général :


o  Antibiothérapie en cas de fièvre prolongée (> à 3 jours)
o  Antiviral systématique (Zelitrex® - Zovirax®) car il est très difficile de différencier les ulcérations mycosiques des ulcérations herpétiques sur prescription médicale.


- Le traitement de la douleur :


o  Dès les premiers signes de mucite,
o  Réadapté régulièrement selon l’EVA
o  Antalgiques locaux (Xylocaïne) ou généraux : morphine, aucune accoutumance n’est observée après l’arrêt.


V. Surveillance:

- Evolution locale de la mucite,
- Contrôle régulier de la douleur,
- Surveillance du poids.
- Surveillance biologique.

VI. Bibliographie:

1. National Cancer Institute: Consensus development conference on oral complications of cancer
therapies: diagnostic, treatment. NCF monographs, n°9, 1990 p3-8.
2. Conférence sur thème: « chimiothérapie, prévention et traitement des effets secondaires » par
Sophie Naton, Oncologue Médical, Clinique Ste Catherine, le 24 septembre 2002.
3. Anticancéreux : utilisation pratique – 5ème Ed, Dossier du CNHIM, XXV, (4-5), p 512.
4. Médicaments utilisés en cancérologie – 4ème Ed, Dossier du CNHIM 2001, XXII, (1-2), p 430.

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